RETOUR  Á ORAN

Novembre 2005

 

 

 

 

Cela faisait plus de 2 ans que nous en parlions : en fait depuis le début de l’année 2003 ! Nous devions être cinq : malheureusement, notre ami Alain Chausy nous a quitté en novembre 2003, suite à une longue maladie. Ce voyage pèlerinage lui était dédié, car il se faisait une joie de retrouver Oran.

 

Puis, début 2005, nous avons commencé à déterminer une période, qui, afin de tenir compte de tous les paramètres, devait se situer en Novembre, certainement pas la meilleure période, mais nous ne voulions plus reculer : il fallait absolument que nous retrouvions Oran.

 

Le choix de l’agence, Zenata Voyages, recommandée par un ami, a été un excellent choix et nous avions à notre disposition un minibus et un chauffeur, Hamida, qui nous a amené où nous voulions. J’avais, auparavant, avec un ancien plan d’Oran, organisé les différentes visites, afin de ne pas perdre trop de temps.

 

Le fameux jour est arrivé : vendredi 11 novembre : nous voilà partis, tous les quatre (mon frère Jean Pierre, Roland Botella né à Arcole,  un ami lyonnais Alain Sylvestre et moi-même) de Lyon vers Marseille pour prendre l’avion d’Air Algérie. Nous avions hâte d’atterrir à La Sénia où nous attendait Hamida.

 

Avant de rejoindre notre hôtel, l’Eden Palace, situé à Aïn el Turck, sur la route du Cap Falcon, nous avons demandé à notre chauffeur de nous amener dans le centre d’Oran : Boulevard Front de mer, Rue d’Arzew, Place des victoires afin, déjà, de se replonger dans les souvenirs, en particulier au 78 rue d’Arzew, lieu de notre enfance, jusqu’en 1964 pour mes parents et mes frères.

 



Santa Cruz vue du Front de Mer

 

Ont, alors, commencé cinq jours extraordinaires qui nous ont fait sillonné la ville et ses environs de long en large : de Gambetta à Eckmül et à Misserghin, en passant par les arènes et le Stade Montréal,  d’Arcole à Canastel, de Saint Eugéne à la Marine et au Port, en passant par le petit Vichy et la promenade Létang, de la marine à Santa Cruz, en passant par l’ancien palais du Bey et la mosquée du Pacha. Nous avons également sillonné la Corniche : Mers El Kebir, l’escargot, le rocher de la vieille, les plages : Trouville, Bouisseville (où nous avons revu l’ancien cinéma en plein air, le Neptune), Clairefontaine, Aïn el Turck, Cap Falcon, Bomo Plage, Bou Sfer, Les Andalouses, jusqu’au Cap Blanc.

 



Ancien Palais du Bey d'Oran

 

 

 

 

 

Je n’oublierai pas le Lycée Lamoricière, dans lequel nous avons pu nous promener, l’église du Saint Esprit (devenue en partie Bibliothèque pour les étudiants, gérée par une Pied Noir restée à Oran), la Cathédrale, également bibliothèque, le Lycée Ardaillon où j’ai eu l’honneur de redoubler ma mathélem, l’école Jules Renard située rue d’Arzew et où nous avons revu les deux classes côte à côte  des célèbres Darmon et Dulimbert qui préparaient l’entrée en 6ème, le palais des sports, le Grand Stade, l’ancien stade du Gallia( actuellement stade de l’ASPTT), le cimetière Tamashouet, la basilique de Santa Cruz et le fort, l’ex village nègre, la poste, la mairie, l’opéra, la gare, le marché Michelet…… sans oublier de déguster la calentica !

 

Cour intérieure Lycée Lamoricière

 

Je crois que nous avons vu tout ce que nous voulions voir : le seul regret est de ne pas avoir pu pénétrer dans l’appartement de mes parents au 78 rue d’Arzew, car les personnes sont actuellement en France. Nous avons écumé le centre de la ville, les arcades, la rue d’Arzew, la rue d’Alsace Lorraine, le Boulevard des chasseurs, la place des victoires, la rue Lamoricière, la rue Cavaignac, la rue Marcel Cerdan….

 

Théatre de verdure - Petit VIchy

 

L’accueil a été extraordinaire et nous avons circulé, partout en toute tranquillité.

Nous avons rencontré des gens qui nous ont systématiquement dit : bienvenue chez vous. Dans la rue, souvent,  des jeunes ou des moins jeunes nous interpellaient pour parler avec nous, pour savoir si nous étions oranais, pour savoir où nous habitions, pour nous aider ou nous donner des renseignements ! Aucune hostilité, bien au contraire, beaucoup de chaleur et de gentillesse.

Nous sommes rentrés partout où nous le souhaitions avec toujours un accueil formidable.

 

Ecole Jules Renard rue d'Arzew

 

Quelques exemples : A Arcole ( Bir El Djir), alors que nous nous promenions dans le vieux village,  mon ami Rolland Botella est interpellé par un « ancien » qui lui dit : t’es pas le fils de …. En fait c’était l’ancien boucher du village qui connaissait bien son père : en un rien de temps, tout le village était au courant et voulait discuter avec nous : tout cela s’est terminé chez Miloud le boucher autour d’une tasse de thé et de succulents gâteaux.

 

Un après midi, j’ai fait une intervention pour les entraîneurs oranais de volley ball où j’ai retrouvé mon ami Sekkal hamida, président de la ligue d’Oran mais également un vieil ami volleyeur des années 60 El Hadj Mohammed. Combien d’émotion à travers ces retrouvailles mais aussi que de  marques de gentillesse et de bienvenue de tous ces jeunes entraîneurs !

 

Que dire de la gentillesse des deux personnes qui s’occupent du cimetière Tamashouet et qui nous ont permis de retrouver, grâce aux registres, les tombes que nous recherchions, en particulier celle de mes grands parents.

Pour contredire des affirmations qu’on peut entendre ou lire ça et là, en aucun cas, le cimetière d’Oran ne va être démoli. Il est vrai que le fond du cimetière est quelque peu dégradé : usure du temps et certainement, dégradations humaines ; mais cela n’existe –t-il pas aussi dans nos cimetières en France ? Reste que la très grande majorité du cimetière est impeccable et  bien entretenue.

 

cimetière tamashouet

 

Il en est de même, pour la basilique de Santa Cruz, où un gardien ouvre toutes les portes  permettant d’accéder à la chapelle : nous en avons profité pour brûler quelques cierges et, en particulier, un pour notre ami Alain. Le gardien nous a confirmé que les visiteurs étaient nombreux aussi bien algériens qu’européens et que tous respectaient la solennité du lieu : la vierge qui domine la basilique est toujours là et protège toujours notre belle ville d’Oran !

 

Oran et la basilique vues du fort

 

Bien sûr, si on pensait retrouver la ville européenne d’avant 1962, on ne peut qu’être déçu : j’ai même lu récemment que le village nègre s‘était agrandi jusqu’à la rue d’Arzew et que celle-ci, si agréable à l’époque, était sale et encombrée.

 

C’est une erreur d’essayer de retrouver la ville de son enfance, telle qu’on a pu la garder en mémoire. Il faut au contraire aller comme un archéologue, rechercher, dans cette partie de la ville fatalement vieillie et quelque peu orientalisée, une bribe de souvenir, ici, revivre un instant, une tranche du passé, là, ressentir une émotion particulière devant un immeuble, un magasin, un bar, ou voir rejaillir brutalement une image oubliée !

 

Rue d'Arzew

 

La ville d’Oran a changé : avant, il y avait 300000 habitants, maintenant, il y a     1 million 300000 habitants : l’exode rural a sévi comme il a sévi, en France.

Autour de l’ancienne ville, les chantiers sont nombreux et démontrent que la ville est en plein développement : l’hôtellerie, également évolue : un magnifique hôtel Sheraton a été construit entre Oran et Canastel et l’hôtel où nous résidions (Eden Palace) situé au bord de la mer, construit depuis 1 an,  est un hôtel haut de gamme avec un service digne des meilleurs hôtels en France. Je pense que dans la prochaine décennie le tourisme va se développer et ce serait mérité, car l’Algérie est un des plus beaux pays, par la diversité de ses sites.

 

Hôtel Shératon entre Oran et Canastel

 

Malheureusement, ce voyage tant attendu a pris fin et c’est avec regret que nous avons rejoint l’aéroport de La Sénia.

Souvent, après un tel voyage, on est tenté de poser deux questions :

Avez-vous été déçu ? Envisagez- vous de revenir ?

A la première, je répondrai non, car je savais que je n’allais pas voir la ville que j’avais connue mais que j’allais à la recherche d’émotions et de souvenirs.

Quant à la deuxième, je répondrai oui, car on ne se lasse pas de vivre de tels moments : d’ailleurs, depuis notre retour et nos commentaires, des proches nous ont déjà demandé quand nous envisagions d’y retourner ?

 

 

                                                                    

 

 

                                                                               André GLAIVE