OBSEQUES DE M.ROGER  ROUSTOUIL

 

(Aix-en-Provence le lundi 10 mai 2004)

 

Allocution prononcée par M.Jullian un ami de M.Roger Roustouil dans l’église St Jean Baptiste

 

Roger ROUSTOUIL

 

Tu es né en 1921 à Affreville, en Algérie, tu es un pied-noir . Tu es un pied-noir de souche : la famille ROUSTOUIL , partie du Languedoc, s’est installée vers 1850 en Algérie .

 

Tu as fait tes études secondaires au Lycée Lamoricière d’Oran et passé le BAC en 1939 . Pendant 2 ans , tu as rempli les fonctions d’instituteur intérimaire et en 1941 tu as rejoint le continent où , au centre Sportif du Fort-Carré d’Antibes, tu as préparé le concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure d’Education Physique et Sportive , l’ENSEPS . Ayant réussi au concours , tu es entré à l’ENSEPS en Octobre 1942 .

 

Après une année d’études , tu décides en Juillet 1943 de rejoindre les forces françaises libres . Il faut pour cela franchir les Pyrénées et rejoindre le Maroc en traversant l’Espagne. Bien qu’ayant fait appel aux services d’un passeur , tu es arrêté par la police espagnole et incarcéré dans la prison de Pampelune. Au bout d’un mois tu es transféré à Miranda del Oro . Ce nom aguicheur est celui d’un camp d’internement . Tu vas y passer 4 mois et deux souvenirs marquants te restent de ce séjour :

 

-   un livre qui, pendant cette période sera ton seul trait d’union avec la France et la langue française : «  Introduction à la philosophie » de René Le Senne .

 

-   autre souvenir beaucoup plus trivial : le combat quotidien que tu as mené contre les poux .

 

En Novembre , la police espagnole te libère et tu peux passer au Maroc pour t’engager dans les Forces Françaises Libres . Affecté à l’armée de l’air, tu es envoyé en Avril 1944 aux Etats-Unis où tu vas poursuivre une formation de navigateur aérien .

Tu garderas le meilleur souvenir de familles américaines qui ont accueilli à bras ouverts le petit français que tu étais .

 

En Avril 1945, tu rejoins l’Algérie et en Octobre tu gagnes Paris pour suivre ta 2ème année d’ENSEPS . Professeur d’EPS en juin 1946 , tu es nommé à la rentrée au Lycée Lamoricière d’Oran . Pendant 15 ans , tu vas pouvoir donner libre cours à ton esprit d’initiative :

 

-        Secrétaire départemental de l’OSSU , l’ancêtre de l’UNSS

-        Fondateur de la Ligue Oranaise de Handball

-        Organisation de Camps d’été dans les Pyrénées au bénéfice des lycéens oranais . La dominante en étant le football et la rando .

 

En 1961 , tu réussis au concours d’Inspecteur de la Jeunesse et des Sports et tu es nommé à Orléansville . Et en 1962 , devant quitter l’Algérie tu es nommé à Bar le Duc , dans la Meuse . En 1963 tu prends la direction du CREPS de Châtel-Guyon . En 1964 tu deviens directeur du CREPS d’Aix-en-Provence , tu succèdes à Maurice GASTAUD qui a occupé ce poste pendant 21 ans . Toi-même resteras en place pendant 20 ans jusqu’à ta retraite en 1986 . Pendant des années tu militeras au sein du mouvement sportif animant la Commission Formation du Comité régional Olympique et Sportif.

 

Toute ta vie tu as eu une fringale d’activités physiques et sportives qui t’a tout naturellement mené au professorat d’EPS . Ton «  sport de base » a  été le football que tu as pratiqué à un haut niveau, au Gallia Club d’Oran , pensionnaire du Championnat de France Amateur . Un ménisque récalcitrant a interrompu ta carrière de joueur , mais tu n’as pas quitté le football , devenant entraîneur d’un autre club oranais : le CALO . Tu as pratiqué le judo jusqu’à la ceinture noire , puis le tennis , le jogging , la rando .

 

Tu as épousé en 1946 , Raymonde BELTRAN , avec qui tu as eu un fils , Pierre , puis une fille , Jacqueline . Tous deux ont suivi tes traces : ils sont profs de gym . Et puis il y a eu 3 petits-enfants .

 

Ta vie n’a pas été un long fleuve tranquille .

Il y a eu le déchirement d’avoir à quitter ta terre natale .

Il y a eu le drame de l’accident mortel d’un petit-fils que tu chérissais .

Il y a eu la maladie prématurée de ton épouse , Raymonde , que tu as entourée de tes soins et de ton amour .

Il y a quelques siècles , on aurait dit de toi , que tu étais un «  honnête homme » .

Tu as été beaucoup plus : un homme engagé , un homme responsable ,un homme modeste . Et par dessus-tout , par l’amour que tu as porté aux tiens et l’attention qui a été la tienne pour tous ceux qui t’ont entouré  ,

tu as été un homme bon .

 

Adieu Roger ROUSTOUIL .