Depuis l'annonce de ce décès, certains d'entre vous qui l'ont bien connu nous ont adressé leurs messages.

Notre ami Guy GIRONA

" Je t'adresse une photo de Schmitt prise sur le Ville d'Oran en juillet 1952 lors du voyage qui nous a conduits aux championnats de France d'athlétisme. Bonne réception et amical souvenir à tous les participants. "



Pierre SOTO :

" Merci pour ces nouvelles. J'ai eu Mr SCHMITT à l'annexe de Gambetta du Lycée Lamoricière pendant plusieurs années. C'était un excellent prof qui nous faisait travailler toutes les disciplines dans les cours de l'Annexe et qui pestait contre l'absence de gymnase auprès du proviseur Mr CARTIER... Il a su intégrer dans son équipe, le grand volleyeur ARROYO, ainsi que DRAGUTIN, aussi nous avions des équipes de volley et de hand qui s'affrontaient dans ces disciplines de groupe sur la cour "du haut", celle du bas étant dévolue au sprint, mouvements gymniques et autres courses... souvenirs ….souvenirs... "

Jean- Paul TADDEI :

" Merci pour les nouvelles
ma sympathie à la famille Schmitt, c'était un prof super qui m'avait impressionné par son crawl à la piscine du Gallia bien sûr j'ai cette photo que m'a donnée J Louis Arnoux il y a longtemps "
Pour ceux qui l'ont bien connu et qui souhaitent présenter leurs condoléances à la famille :
Madame Gisèle SCHMITT et ses enfants
Quartier Saint-Jean
84800 L'ISLE-sur-la-SORGUE




JPV nous fait part du message reçu du gendre de notre professeur

" Monsieur Schmitt - nous dit son gendre - gardait de sa vie oranaise des souvenirs particulièrement éloquents . Il aurait plus que volontiers fait toute sa carrière dans ce lycée Lamoricière si les " évènements " n'avaient contraint toute la Famille à fuir le danger " …. Victime il y a 4 ou 5 ans d'un cancer , il connaît une rémission mais 2 ans plus tard , le mal récidive et après de grandes souffrances , M. Schmitt décède à l'Hôpital de l'Isle-sur-la Sorgue juste en face du Lycée Benoît où il exerça durant de nombreuses années. Madame Gisèle Schmitt , son épouse , même si elle a très courageusement supporté cette douloureuse épreuve qui a duré plusieurs mois , a dû quitter son domicile pour trouver asile et réconfort auprès de ses enfants dans la région parisienne . Elle est actuellement hospitalisée. C'est ce qui explique qu'elle n'ait pu répondre elle-même à notre lettre . Son gendre , M. Alain SERVAIN , a bien voulu nous adresser un texte à l'intention de ses anciens élèves ainsi que deux photos de ses beaux-parents à quelques années d'intervalle . Ecoutons-le :

«  Peut-être certains de ses anciens élèves du Lycée Lamoricière  se souviennent-ils de Georges Schmitt , ancien Professeur d’E.P.S.  que les évènements » obligèrent à quitter en 1958 ?

Pour ceux qui l’auraient oublié , qu’il nous soit permis d’en résumer la vie quelque peu atypique …

 

Georges Schmitt eut la « mauvaise idée » de naître en 1919 . un rapide calcul mental permet de comprendre que c’est au retour de la guerre d’un père marqué dans sa chair et dans son âme que le petit Georges fut conçu . Il allait connaître une enfance difficile , lui valant d’être reconnu Pupille de la Nation et d’être élevé dans un pensionnat de religieuses .

 

Malgré cela , il fit une très bonne scolarité et , à l’âge de 18 ans , il voulut entrer dans les Postes . Mais pour que cette Administration puisse l’accueillir , il lui fallait être libéré de ses obligations militaires . Aussi , devançant l’appel , en 1937 , il endossa l’uniforme qu’il n’allait quitter …que 8 longues et éprouvantes années plus tard .

 

En effet, la fin de temps légal fut marquée par la déclaration de Guerre . S’il avait passé du « bon » temps pendant son service militaire , ayant notamment demandé à être affecté à Tours…pour visiter les châteaux de la Loire (affirmation faite de bonne foi à l’un de ses officiers l’ayant questionné sur ses motivations et qui «  l’envoya au trou » pour cette réponse incongrue ! ) , la période 1939-1945 ne fut que trop souvent un véritable calvaire que  , même au terme de sa vie , il ne pouvait évoquer sans avoir les yeux embués de larmes . Il fut de ceux qui , notamment, combattirent à Monte Cassino ou qui débarquèrent sur les plages de Provence dans les conditions que l’on imagine . Quelques jours encore avant son «  grand départ » , il se demandait encore pourquoi, Lui , était passé au travers alors que de trop nombreux camarades de combat étaient tombés à ses côtés , victimes du feu ennemi .

 

Quand  la « der des ders » s’acheva , il avait pratiquement 26 ans . Au cours de sa jeunesse, cette période au cours de laquelle naissent les premières amours, où l’on échange les premiers baisers, lui , il n’avait étreint…que son fusil . Comme il le répétait fréquemment , «  Il faisait partie de cette génération qui n’avait pas eu de jeunesse… »

 

La paix étant revenue,il lui fallait embrasser une carrière . au fil des ans, les Postes avaient perdu l’attrait qu’il leur avait trouvé plus tôt . Non, après ce qu’il avait vécu , il lui fallait être plus ambitieux , se prouver qu’il pouvait faire mieux . C’est ainsi qu’il reprit ses études et obtint son baccalauréat avant de se préparer et de réussir la formation de professeur d’E.P.S. , complétée par celle de Maître-Nageur-Sauveteur .

 

Le 31 juillet 1948 , il épousa Gisèle Sambain qui l’avait séduit quelques mois plus tôt alors qu’il était de passage à Marseille . Cette épouse modèle dut être très vigilante pour que le bel athlète qu’elle avait attiré à elle ne se laisse détourner par l’une de ces nombreuses représentantes de la gente féminine très sensibles à son charme… D’ailleurs , sur son dernier lit, à l’hôpital de l’Isle-sur-la Sorgue , cette charmante ville vauclusienne où il effectua l’essentiel de sa carrière , il entendit à plusieurs reprises certaines des infirmières , anciennes élèves , évoquer leurs souvenirs d’adolescentes dans lesquels Georges Schmitt tenait une certaine place : mais honni soit qui mal y pense , car s’il avait un grand amour de son métier , s’il éprouvait pour ses élèves une véritable affection , jamais il ne se serait laissé aller à un quelconque débordement particulièrement condamnable . On peut être un bel homme et avoir , en toutes circonstances, le sens de l’honneur et du respect . D’ailleurs , c’étaient les autres qui le trouvaient beau car lui était trop modeste pour prendre conscience de cette beauté .

 

Sa première affectation , il l’obtint au lycée Lamoricière d’Oran où vivaient le couple et les parents Schmitt . Très vite , ce métier le passionna au-delà de ce qu’il pouvait espérer. Il s’y consacra avec toute l’énergie qu’il avait retrouvée après les douloureuses épreuves traversées. Il pratiqua lui-même le sport de haut niveau puisqu’il en arriva à être pré-sélectionné olympique en aviron pour les Jeux de 1952 . Malheureusement , l’Administration estima qu’elle ne pouvait se passer de ses services et lui refusa la possibilité de participer à ces Jeux .

 

Qu’importe ! Champion olympique , il ne le serait pas, mais formateur de champions , il le serait , et l’Administration ne pouvait s’opposer . C’est ainsi qu’il allait découvrir et initier de futurs médaillés , parmi lesquels celui qui marqua toute une époque , Alain Gottvallès .

 

Mais l’Algérie fut à son tour gagnée par la violence , ce qui valut à M.Schmitt d’endosser une nouvelle fois l’uniforme pour une période , heureusement relativement brève , mais toujours trop longue quand il s’agit de côtoyer le danger .

 

En 1958 , il n’était plus possible de rester sur le sol algérien. La mort dans l’âme ,la Famille qui s’était agrandie avec la naissance de Nicole en 1952 et de Gérard en 1956, dut se mêler à cette vague de Rapatriés que les métropolitains virent arriver d ‘un mauvais œil .

 

C’est à Valreas que la famille Schmitt s’installa . L’accueil ne fut pas des plus chaleureux, loin s’en faut . Un peu plus tard , M.Schmitt demanda sa mutation pour l’Isle-sur-la Sorgue où il termina sa carrière . Un troisième enfant, Rolland vint agrandir le cercle de famille qui s’installa dans un pavillon pas très loin du lycée Benoît où M.Schmitt exerçait . 

 

Son activité professionnelle , il la poursuivit avec le même dévouement , la même passion . A huit reprises , l’équipe d’athlétisme qu’il entraînait fut championne de France . Et pour se reposer ( !) , ses vacances , il les passa comme directeur de piscine à St Saturnin d’Apt ou comme directeur de colonies de vacances . Malgré toutes ses activités , il réussit à créer le centre aéré qui fonctionne toujours actuellement pour la plus grande satisfaction des familles l’Isloises.

 

Malheureusement , en 1975 , alors qu’il effectuait une randonnée à bicyclette avec ses élèves, une mauvaise chute mit un terme à cette brillante carrière .

Que retenir de Georges Schmitt ?

D’abord son extrême générosité : «  Donner , donner et toujours donner » telle aurait pu être sa devise .

Un sens du devoir, un grand professionnalisme et une probité à toute épreuve .

Enfin une modestie peu commune . Il a toujours refusé les honneurs , quelle qu’en soit la provenance . Les honneurs militaires ? Pensez donc ! Ceux qui étaient tombés , ceux-là, méritaient effectivement d’être honorés . Mais lui, il était revenu en vie …N’était-ce pas là l’honneur suprême ? Si son gendre avec lequel il entretenait de très forts liens affectifs ne s’était pas occupé discrètement de la chose pour lui en faire la surprise, jamais il n’aurait eu la Médaille Militaire qui lui fut décernée quelques 60 ans après la cessation des combats .

 

Quant à sa réussite professionnelle , quoi de plus normal ? Il avait été formé pour cela ! Ce métier , c’est lui qui l’avait choisi ! Comme il aimait le répéter , le menuisier peut gâcher une planche qu’il a sciée de travers : il en taille une autre et c’est tout . Mais un élève, on n’a pas le droit de le « louper » . lui , n’aura pas de deuxième chance . Et puis , quelle satisfaction de voir un élève gagner quelques centimètres dans ses sauts ou ses lancers , ou arriver , enfin, à grimper cette satanée corde lisse ….

 

Georges Schmitt ,  c’était cela , un homme d’exception qui , le 6 mars dernier s’en est allé rejoindre son fils Gérard , parti 3 ans , pratiquement jour pour jour, avant son père lequel a souvent manifesté son désarroi et sa peine face à une telle forme d’injustice du destin .

Ses proches , ses amis , ses anciens élèves pleurent aujourd’hui cette disparition qui laisse un grand vide …….

…….Oui, pour moi, le départ de mon Beau-Père a créé un grand vide. Quel homme merveilleux a-t-il été!

Et cette coïncidence qui a voulu que, cette année, quelques jours seulement après son "grand départ" votre rassemblement annuel ait lieu à AVIGNON, à quelques kilomètres seulement  de l'endroit où il repose maintenant, n'est-ce pas un clin d’œil qu'il a voulu nous faire à tous?

Vendredi dernier, j'ai "récupéré" ma Belle-Mère à l'Hôpital; elle est à nouveau avec nous, dans un état de santé qui s'est amélioré, certes, mais qui n'est pas encore ce que l'on pourrait espérer. En tout état de cause, elle est encore trop fragile pour lui montrer les documents que vous avez avez eu la gentillesse de nous joindre.

et, vous remerciant encore pour votre extrême gentillesse et votre pensée pour ma Belle-Mère, je vous assure, Cher Monsieur, de toute ma bonne amitié. »

Alain SERVAIN     

Tout est dit . Notre professeur M. Georges Schmitt était ce qu'il convient d'appeler un brave homme ce que nous savions tous déjà. Pour ceux d'entre vous qui l'ont bien connu et qui voudraient adresser un témoignage d'amitié à la famille :
M.et Mme Alain SERVAIN , 15 allée des Prairies, 91670 ANGERVILLE
E-mail : alainservain@yahoo.fr


Mr. et Mme SCHMITT